Les feuilles de contrôle

L'identité des prisonniers, leur matricule, le nombre de journées travaillées, les jours où ils se sont fait porter pâles ou se sont évadés ( fait rare) sont consignés dans ces feuilles de contrôle : 8 petits cahiers d’école, à l’écriture appliquée et serrée, des bâtons correspondant au nombre de jours passés à travailler dans les fermes, des MMM pour les malades très nombreux en 1918 et les centimes de poche à verser.

Les prisonniers allemands en Décembre 1916 sont :

Heinrich Lenders, Jakob Lutz, Otto Mahnke, Friedrich Messerknecht, Franz Nieebuhr, Heinrich Schliephake, Otto Theilman, Karl Dörr, Emil Günther, Alfred Jäschke, Karl Muller, Paul Adler, Franz Bosch, Konrad Hoffmann, Erwin Rauss, Karl Rosshart, Joseph Hippel, Guttar Lutz. 

Jakob a écrit son nom, à droite de l'escalier de la grange des Pedoux, le 31 mars 1917, à l'instar de Willy, Alois et Hermann qui ont gravé le leur dès 1916, dans le bâtiment qui fait face à la cour. (actuellement la Houssine)

En 1918, ce sont Grosse, Briese, Strobelt et bien d'autres ….

Un défilé permanent. Des noms et des noms…. d' hommes qui révent de retrouver leur pays, leur famille et de tourner le dos à la guerre. Déjà, ils ont sauvé leur peau mais certains patriotes voient d'un mauvais œil le comportement de quelques prisonniers allemands avec les françaises, ainsi cet habitant de Beauche qui écrit au Préfet d'Eure-et-Loir et signe" d'un nom français: POILU"

Voici ce qu'il écrit: " Je viens solliciter de votre haute compétence de bien vouloir cesser l'état de choses régnant dans cette commune, sous les yeux d'un maire sans énergie, au sujet des prisonniers allemands qui en ce moment voyagent en voiture avec des jeunes filles et femmes comme s'ils étaient chez eux. Bientôt les femmes nous donneront de cette sale race. Où sont les gardiens? A tirer lièvres et faisans au lieu de les garder et les faire travailler , ces sales boches. Que font-ils du gibier? Ils vont le faire cuire et manger dans certaines maisons. Faites une enquête secrète, Monsieur le Préfet et vous verrez la vérité, telle qu'elle est."

Du côté français comme du côté allemand, beaucoup ne reviendront pas. Il suffit de regarder la liste des noms sur les monuments aux morts du plus petit village. Rien que parmi les agriculteurs de Marville-les-Bois, ils sont au nombre de trois, ainsi que le montre ce formulaire d'enquête complété par le maire de Marville, le 24 décembre 1919.